Les négociations sur la réforme du marché du travail français aborderont la question des modalités d’indemnisation des chômeurs. Vu le déficit de l’Unedic, beaucoup se demandent si l’actuel système n’est pas trop dispendieux. De fait, les chômeurs français sont parmi les mieux lotis en Europe, spécialement quand ils ont des hauts revenus.
Les chômeurs français sont-ils mieux traités que les autres chômeurs européens ? La question peut paraître choquante dans la mesure où il n’est jamais souhaitable d’être chômeur et que, en moyenne, les Français restent sans emploi plus longtemps que beaucoup de leurs voisins.
Mais la stagnation économique que traverse le pays depuis plusieurs trimestres et le déficit qu’elle entraine pour l’Unedic, l’organisme gestionnaire de l’assurance chômage, conduisent à s’interroger sur les coûts élevés du traitement social du chômage en France.
Les pays du nord compensent le mieux l’ancien salaire
En la matière, la générosité d’un système s’apprécie sur plusieurs critères: les conditions d’octroi des indemnités, le montant de ces indemnités, leur durée de versement ou encore les obligations faites aux chômeurs en matière de recherche d’emploi.
Tout d’abord, il s’agit de voir dans quelle proportion le salaire que l’on a perdu est compensé par le versement d’une allocation chômage. Ce que l’on appelle “le taux de remplacement“. Il est de 57% du salaire brut en France. Mais les comparaisons de taux effectif de remplacement sont très délicates.
La France compense plutôt bien l’ancien salaire mais un certain nombre de pays vont au delà, comme la Suède, le Danemark, les Pays-Bas mais aussi la Belgique ou le Portugal. En plus, ces comparaisons varient en fonction des niveaux de salaires. En France, les bas salaires sont très bien compensés mais aussi les hauts salaires. En revanche les salaires à peu près médians sont moins gâtés.
Les “chômeurs riches” très bien indemnisés en France
Si l’on prend un salaire brut mensuel de 2.600 €, un chômeur touchera plus de 2.000 € au Danemark, 1.560 en Allemagne et 1.490 en France. Mais pas plus de 1.100 € en Italie et moins de 380 € au Royaume-Uni. Il faut dire que ce dernier pays n’a pas comme principe de remplacer le salaire mais d’octroyer seulement une allocation permettant de survivre, quel que soit l’ancien revenu.
La réalité n’est pas la même si l’on considère le montant maximal des indemnisations perçues. Car le plafonnement du salaire de référence est particulièrement élevé en France, certains chômeurs percevant jusqu’à 6.100 euros par mois.
Si l’on excepte la Suisse, où le plafond est quasiment à 7.000 €, ce niveau est trois à quatre fois plus important que dans le reste de l’Europe. il est par exemple autour de 2.200 € en Allemagne et au Danemark, de 1.400 € en Belgique ou de 1.100 € en Italie.
Les Pays-Bas indemnisent le plus longtemps
La durée maximale d’indemnisation est offerte par les Pays-Bas – 38 mois – même si elle peut être encore supérieure en Belgique où cette durée est fonction de nombreux paramètres d’âge, de sexe ou de région.
Mais la France est quand même très bien placée avec une durée de 36 mois pour les plus de 50 ans. Pour les moins de 50 ans, le chômeur français bénéficie de 4 mois à 2 ans d’indemnisation en fonction de durée de l’activité précédente.
C’est comparable à ce qui se passe en Allemagne, au Danemark en Espagne ou au Portugal. Mais l’indemnisation maximale ne dépasse pas un an en Italie, en Suisse ou au Luxembourg. Et elle s’interrompt au bout de six mois au Royaume-Uni.
Quatre mois d’activité – quatre mois de chômage
En ce qui concerne l’accès au chômage , la France, là encore, offre à ses salariés des conditions très favorables. Il suffit en effet de travailler – et donc de cotiser – quatre mois pour bénéficier d’une durée équivalente d’allocation chômage. Et cette durée de cotisation est strictement égale à celle de l’indemnisation chômage jusqu’à 24 mois.
C’est beaucoup plus généreux qu’en Allemagne où un an de travail ne permet de percevoir que six mois d’allocations, contre 12 en France. En Espagne ou en Italie, c’est encore plus dur puisque la durée de cotisation ouvre droit à une durée d’indemnisation trois fois plus courte.
Cela dit, les Pays-Bas et le Danemark offrent des conditions à peu près équivalentes à celles de la France. Au Danemark par exemple, il faut travailler un an pour avoir droit au chômage mais les chômeurs bénéficient tout de suite d’une durée de 2 ans d’indemnisation.
On serait presque tenté de dire que la France est l’endroit idéal pour perdre son emploi. Même si des pays comme le Danemark ou les Pays-Bas se montrent aussi généreux, voire plus généreux pour les revenus moyens. Reste que l’on peut se poser une autre question: la France n’est-elle pas aussi le pays “idéal” pour ne pas retrouver de travail ?